L'angine de poitrine
I- Définition de l'angine de poitrine
L'angine
de poitrine, également connue sous le nom d'angor, est une douleur thoracique
intense, souvent décrite comme une sensation de pression ou de barre dans la
poitrine. Cette douleur peut parfois être irradiante et se prolonger suivant ce
trajet : l'épaule gauche, le dos, le bras gauche et parfois même jusqu’à
la mâchoire inférieure.
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| L'angine de poitrine - angor | 
- Angor stable appelé aussi angor d’effort : il apparait lors d’un effort ou d'une activité physique.
 - Angor instable : survient au repos.
 
II- Les étiologies de l’angine de poitrine
1. L’athérosclérose
Dans la
majorité des cas (90 %), l'angine de poitrine est dû à
l'athérosclérose qui diminue le diamètre des artères coronaires. Ces dernières sont les artères qui assurent l'irrigation du myocarde.
Donc quand le calibre des artères coronaires
diminue, cela crée un déséquilibre entre les apports du cœur en oxygène et ses
besoins. Alors, le cœur n'est plus suffisamment irrigué et les apports en
oxygène sont diminués. Dans ce cas, on parle de cardiopathie ischémique ou
de maladie coronarienne
En général,
les manifestations d'angor apparaissent lorsque le diamètre artériel est réduit
d'au moins 70 %.
Lors d’un
effort physique, la situation s’aggrave car les besoins du cœur en oxygène
augmentent entrainant une douleur thoracique intense car le myocarde n’arrive
pas à bien fonctionner.
2. Autre étiologie de l’angine de poitrine
Rarement, la
cause est l'angor vaso-spastique appelé aussi angor de Prinzmetal. Dans ce
cas, la douleur est due à une contraction anormale et intermittente d'une
artère coronaire. Cette artère peut être soit saine ou le siège
de plaques d'athérome.
Le plus
souvent, la douleur survient au repos, la nuit ou au petit matin et répond bien
à la prise de trinitrine, mais un traitement de fond est nécessaire.
III- Les facteurs de risque de l’angor
Les facteurs de risque de l'angine de poitrine sont les mêmes que l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaire. Notamment :
- L'âge : plus l’âge est élevé plus le risque est grand.
 - Les antécédents familiaux d’angine de poitrine et de maladies cardiovasculaires.
 - Le diabète sucré, et plus fréquemment le type 2.
 - L’hypertension artérielle surtout si elle n’est pas bien équilibrée.
 - L’obésité et le surpoids.
 - L’hypercholestérolémie avec des taux élevés du LDL.
 - La consommation excessive d'alcool.
 - Le tabagisme.
 - La sédentarité et l’absence d’une activité physique régulière…
 
IV- Les principaux symptômes de l’angine de poitrine
Le signe clinique majeur est une douleur thoracique soudaine, vive et intense, souvent ressentie au niveau du sternum, d’où le terme : angine de poitrine. Cette douleur peut apparaître à l’occasion d'un effort plus au moins intense (exercice physique par exemple), c’est l’angor stable.
Dans certains cas, cette douleur peut apparaitre au repos sans aucune activité physique, c’est l’angor instable.
Parfois, l'angine de poitrine peut se déclencher lorsque le patient ressent une forte émotion (stress important).
Plus rarement, la douleur peut se situer au
niveau des épaules, de la mâchoire inférieure, au niveau de l'estomac ou même
au niveau des membres inférieurs gauches. 
A noter que la douleur thoracique qui
survient et disparait en moins de quelques secondes est rarement liée à
l’angine de poitrine.  
Chez les diabétiques et les personnes âgées,
l'angine de poitrine peut être silencieuse sans douleur thoracique. Dans ce
cas, les signes digestifs (les nausées par exemple) et une fatigue soudaine sont
les seuls signes cliniques qui peuvent être ressentis.
V- Paraclinique de l’angor
En général, la symptomatologie
clinique permet d’orienter vers le diagnostic. Pour la confirmation
paraclinique, on fait appel à plusieurs examens complémentaires.  
1. L'électrocardiogramme
L’ECG est l’examen de base qui permet de poser et de confirmer le diagnostic. Mais souvent, l’angor disparait rapidement à l’effort et l’ECG est rarement effectué pendant la crise sauf lors du test d’effort. Si ce test est effectué pendant une crise il peut objectiver des anomalies ischémiques réversibles : discordance de l’onde T avec le vecteur QRS.
2. L'épreuve d'effort
C’est un examen qui consiste à
solliciter le cœur lors d’une épreuve physique (exercice sur bicyclette le plus
souvent). C’est un examen paraclinique plus révélateur.
3. L'échographie et la scintigraphie cardiaques
On peut faire appel à ces deux examens qui ont pour objectif d'observer le rétrécissement de l'artère coronaire.
4. La coronarographie
En cas de doute sur le diagnostic, l'examen privilégié sera la coronarographie. C’est un examen invasif qui consiste à faire remonter un cathéter jusqu’aux
artères cardiaques (les coronaires) et d’injecter un produit qui permettra de
les visualiser et donc de révéler avec précision l'étendue du
rétrécissement. 
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| Angine de poitrine : coronarographie | 
VI- Complications de l’angine de poitrine
On parle d'infarctus du myocarde, communément appelé "crise cardiaque", lorsque le manque d'oxygène est tellement sévère qu’il provoque la mort par asphyxie d'un grand nombre de cellules cardiaques.
Environ la moitié des cas
d'infarctus du myocarde sont précédés de crises d'angine de poitrine. Les
douleurs liées à un infarctus sont généralement plus intenses et durent plus de
20 minutes, contrairement à celles de l'angor. 
Bien que la
douleur thoracique soit souvent le premier symptôme, près de 20 % des personnes
ayant un infarctus ne ressentent pas de douleur. D'autres symptômes peuvent
également apparaître, tels que l'anxiété, des troubles temporaires de la
vision, l'essoufflement, des vertiges, des nausées et vomissements, ainsi
qu'une sudation excessive.
VII- Traitement de l’angine de poitrine
On distingue
trois types de traitement : médicamenteux, chirurgical et non
médicamenteux.  
1. Le traitement médicamenteux
1-1. les bétabloquants
Le traitement de première intention de l'angine de poitrine est la prescription de bétabloquants. Ces médicaments permettent de ralentir la fréquence cardiaque, et donc de baisser les besoins du myocarde en oxygène.
1-2. Les antiagrégants plaquettaires
Le second traitement de l'angor est les antiagrégants plaquettaires, tel que l'aspirine. Ces produits permettent de fluidifier le sang et de faciliter sa circulation.
1-3. Les statines
Le troisième volet consiste à l'utilisation de statines. Ce sont des molécules qui combattent le mauvais cholestérol (LDL) et donc empêchent la formation de plaques d'athéromes dans la paroi des artères coronaires.
2. La chirurgie
Si le rétrécissement de l'artère coronarienne est significatif, une
intervention chirurgicale s’impose. Son objectif est d’éliminer les dépôts de
cholestérol et élargir le diamètre artériel. Un stent, ou petit ressort, peut
être inséré pour maintenir l'artère ouverte en permanence. 
Si l'artère coronaire est endommagée, la section obstruée peut être contournée en greffant un segment prélevé d’une veine dans la cuisse ou en déviant une autre artère à l'intérieur de la poitrine, ce qui est appelé un pontage.
3. Le traitement non médicamenteux
Pour le traitement non médicamenteux, une bonne hygiène de vie
s’impose, ce qui permet de réduire les facteurs de risques
cardiovasculaires ; d’où l’importance de l’éducation et de l’information
sanitaires. Notamment :
- Arrêt du tabagisme,
 - alimentation équilibrée et légère,
 - surveillance et contrôle du poids,
 - activité physique régulière et adaptée,
 - vaccination anti-grippale car une grippe sévère peut être dangereuse pour le cœur surtout si elle est accompagnée de troubles respiratoires importants...
 
Conclusion
L’angine de poitrine est un bon indicateur de l’état du cœur,
témoignant souvent une insuffisance dans l’apport d’oxygène au cœur. La bonne
connaissance de son tableau clinique, de ses étiologies et de son traitement est
essentiel pour mieux prévenir ses graves complications.

