L'hygiène hospitalière

L'hygiène hospitalière
L'hygiène hospitalière
L'hygiène hospitalière

I- Définitions de l'hygiène hospitalière

1.  Définition de l’hygiène selon l’OMS

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'hygiène englobe un ensemble de mesures destinées à prévenir les infections et les maladies infectieuses.

2.  Définition de l’hygiène hospitalière

L’hygiène hospitalière est une condition fondamentale de la qualité de soins de santé. Elle englobe un ensemble de mesures et de pratiques visant à éviter les infections liées aux soins, ainsi que la propagation de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques et d'infections contagieuses comme le Covid ou la grippe.

II-  Situation d’hygiène en hôpital

Au sein de l’hôpital, l’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) a pour principale responsabilité la prévention et la surveillance des infections associées aux soins (IAS). Elle veille à l'application des bonnes pratiques dans les soins et soutient le personnel soignant dans sa lutte contre les infections, en particulier les IAS.

Les dispositifs invasifs tels que les sondes vésicales, les sondes d’intubation et les cathéters, constituent des voies d'entrée propices aux infections.

Pour assurer une bonne hygiène hospitalière, il est essentiel que le personnel infirmier comprenne les concepts suivants : la contamination, la colonisation et l’infection. 

1.  La contamination

C’est la présence d'agents pathogènes (virus, bactéries, champignons, parasites) dans un milieu ou un organisme. Ce terme peut également s'appliquer à des polluants.

2.  La colonisation 

C’est la présence de bactéries qui se multiplient sans provoquer de réaction de l'hôte. Donc elle est encore sans symptômes et souvent favorisée par l'utilisation de dispositifs invasifs.

3.  L'infection 

C’est lorsque la charge bactérienne dépasse 100.000 bactéries par gramme de tissu, accompagnée de symptômes infectieux.

III-  Les infections associées aux soins (IAS)

1.  Définition des infections associées aux soins

Une infection est considérée comme associée aux soins lorsqu'elle se manifeste au début ou à la fin de la prise en charge d'un patient et que la période d'incubation de l'agent infectieux dépasse 48 heures.

Les infections post-opératoires peuvent survenir jusqu'à 30 jours après une intervention chirurgicale impliquant des prothèses par exemple.

2.  Les infections nosocomiales 

Les infections nosocomiales (IN) sont celles contractées durant un séjour à l'hôpital, alors que le patient n'était pas porteur à son admission.

3.  Les IAS les plus fréquentes

3-1.  Les infections urinaires

Les infections urinaires iatrogènes sont des infections des voies urinaires qui résultent d'interventions médicales ou de traitements.

Les causes des infections urinaires en milieu hospitalier sont multiples, à savoir :

  • Cathéters urinaires : L'utilisation de sondes urinaires peut introduire des bactéries dans les voies urinaires ce qui augmente le risque d'infection.
  • Interventions chirurgicales : Les procédures chirurgicales sur les voies urinaires peuvent également constituer une source d'infection.
  • Antibiothérapie : L'utilisation prolongée d'antibiotiques souvent perturbe la flore bactérienne normale, ce qui favorise la prolifération de germes pathogènes.

3-2.  Les infections localisées après une opération

Les infections localisées après une opération appelées aussi : infections du site chirurgical (ISC), sont des complications locales qui peuvent survenir après une intervention chirurgicale.

Les causes les plus fréquentes de ces infections sont :

  • Contamination : Par des bactéries présentes sur la peau ou dans l'environnement chirurgical et qui peuvent pénétrer par la plaie opératoire.
  • Système immunitaire affaibli : Les patients ayant un système immunitaire faible sont plus susceptibles de développer des infections.
  • Durée de l'opération : En général, le risque d'infection augmente avec l’augmentation de la durée d’intervention chirurgicale.
  • Matériel chirurgical : L'utilisation de prothèses ou de dispositifs implantables peut également être un facteur de risque important à l’infection.

3-3.  Les pneumonies acquises en réanimation sous ventilation mécanique

Les pneumonies acquises sous ventilation mécanique (PAVM) en réanimation sont des infections pulmonaires qui surviennent chez des patients suite à leur séjour en réanimation et qui sont sous assistance respiratoire. Elles représentent une complication fréquente et grave, influençant le pronostic vital des patients.

Les causes les plus fréquentes sont :

  • Colonisation bactérienne : Les voies respiratoires des patients ventilés peuvent être colonisées par des bactéries, ce qui augmente considérablement le risque d'infection.
  • Aspiration : La présence de sécrétions oropharyngées ou gastro-intestinales dans les voies respiratoires et les poumons provoque souvent des pneumonies.
  • Durée de ventilation : Plus la durée de la ventilation mécanique est prolongée, plus le risque de PAVM augmente.
  • État général du patient : Les patients immunodéprimés ou ceux souffrant de maladies chroniques sont plus vulnérables et plus susceptibles à développer ces infections. 
  • Interventions chirurgicales : Les procédures chirurgicales sur les voies respiratoires peuvent également constituer une source d'infection.
  • Antibiothérapie : L'utilisation prolongée d'antibiotiques souvent perturbe la flore bactérienne normale, ce qui favorise la prolifération de germes pathogènes.

3-4.  Les bactériémies (associées aux cathéters sanguins)

Les bactériémies associées aux cathéters sanguins sont des infections graves qui surviennent lorsque des bactéries pénètrent dans la circulation sanguine par l'intermédiaire de dispositifs intravasculaires.

Les causes les plus fréquentes sont :

  • Installation du cathéter : Une technique d'insertion non ou mal stérilisée peut introduire facilement des bactéries.
  • Manipulations répétées : Les soins réguliers et les manipulations répétées du cathéter augmentent le risque d'infection.
  • Durée d'utilisation : Plus le cathéter est laissé en place longtemps, plus le risque d'infection est élevé.
  • État du patient : Les patients immunodéprimés ou souffrant de comorbidités ont plus de risque à faire des infections.

IV-  Prévention des infections associées aux soins

Les gestes invasifs sont les plus susceptibles de provoquer des IAS, ce qui rend indispensable et primordial l'application rigoureuse des bonnes pratiques d'hygiène par le personnel infirmier.

L'hygiène hospitalière
L'hygiène hospitalière

Pour prévenir la transmission des infections, l’infirmier se base sur plusieurs méthodes.

1.  La stérilisation

C’est un procédé physique visant à éliminer tous les micro-organismes, y compris les spores, d'objets, de surfaces ou de liquides.

Les méthodes de stérilisation sont multiples et nombreuses.  

1-1.  La stérilisation à la chaleur humide par l’autoclave

Basée sur :

  • Utilisation de vapeur sous pression pour détruire les micro-organismes.
  • Température généralement à 121-134 °C pendant 15-30 minutes.
  • Efficace pour les instruments en métal, les tissus et les liquides.

1-2.  La stérilisation à la chaleur sèche

  • Application de chaleur sèche à des températures élevées (160-180 °C) pendant des périodes prolongées.
  • Utilisée pour les instruments en verre ou en métal qui ne supportent pas la vapeur.

1-3.  La stérilisation par irradiation

  • Utilisation de rayonnements ionisants (rayons gamma, rayons X) pour détruire les micro-organismes.
  • Souvent utilisée pour des produits médicaux à usage unique, comme les implants et les dispositifs médicaux.

1-4.  La stérilisation chimique

  • Utilisation de gaz (comme l'oxyde d'éthylène) ou de solutions chimiques (comme le peroxyde d'hydrogène) pour stériliser des instruments sensibles à la chaleur.
  • Nécessite un temps d'aération après le traitement pour éliminer les résidus chimiques.

1-5.  La filtration

  • Utilisation de filtres pour éliminer les micro-organismes des liquides ou des gaz.
  • Souvent utilisée pour des solutions thermosensibles ou des vaccins.

2.  L'antisepsie

C’est une méthode qui détruit ou élimine les micro-organismes sur les tissus vivants surtout la peau et les muqueuses.

Les méthodes d'antisepsie sont soit chimiques ou physiques.

2-1.  Les antiseptiques chimiques

  • Alcool : Solutions à base d'alcool (éthanol ou isopropanol) sont couramment utilisées pour désinfecter la peau avant une intervention.
  • Chlorhexidine : Utilisée pour la désinfection de la peau, particulièrement efficace contre une large gamme de bactéries.
  • Iode : Solutions iodées (comme la povidone iodée) sont utilisées pour désinfecter les surfaces cutanées avant une chirurgie.
  • Peroxyde d'hydrogène : Utilisé pour sa capacité à tuer les bactéries et à désinfecter les plaies.

2-2.  Les méthodes physiques

  • Chaleur : Utilisation de la chaleur (comme des compresses chaudes) pour aider à désinfecter les zones cutanées.
  • Ultraviolets : Utilisation de la lumière UV pour désinfecter des surfaces, bien que cela ne soit pas couramment appliqué directement sur la peau.

3.  La désinfection

C’est une action antimicrobienne utilisant des produits désinfectants. Cela inclut la désinfection des surfaces, des instruments, des mains et des plaies, mais sans garantir la stérilité. 

Il est important d'utiliser un désinfectant sur des surfaces propres. Les détergents, quant à eux, sont des nettoyants sans agents antimicrobiens, destinés à nettoyer les surfaces inertes en éliminant les salissures.

Les méthodes de désinfection sont soit chimiques ou physiques.

3-1.  Les désinfectants chimiques

  • Alcool : Utilisé pour désinfecter les surfaces et les instruments, efficace contre de nombreux micro-organismes.
  • Chlorhexidine : Utilisée pour désinfecter les surfaces et la peau, notamment dans les contextes chirurgicaux.
  • Eau de Javel (hypochlorite de sodium) : Efficace contre une large gamme de bactéries, virus et spores, souvent utilisée dans les milieux hospitaliers.
  • Quaternaires d’ammonium : Utilisés pour la désinfection des surfaces et des équipements, bien tolérés et efficaces.
  • Peroxyde d'hydrogène : Utilisé pour sa capacité à détruire les micro-organismes, souvent en combinaison avec d'autres agents.

3-2.  Les méthodes physiques

  • Chaleur : Utilisation de chaleur humide ou sèche pour désinfecter des objets (bien que cela soit plus associé à la stérilisation).
  • UV-C : Utilisation de la lumière ultraviolette pour désinfecter les surfaces et l'air, est efficace contre de nombreux agents pathogènes.

Ces mesures sont essentielles pour lutter contre les IAS.

Conclusion

L'hygiène hospitalière est un pilier fondamental de la qualité des soins de santé. La mise en œuvre rigoureuse des pratiques d'hygiène contribue à réduire les infections, à améliorer les résultats pour les patients et à garantir un environnement de soins sûr. Une culture de la sécurité et de la prévention au sein de l'hôpital est essentielle pour réussir ces objectifs.


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